Présentation du meeting national sur les retraites du 31 janvier

Texte publié le 25 janvier 2012.

La CGT a donc décidé d’organiser un meeting sur les questions de l’avenir des retraites et sur la reconnaissance de la pénibilité le 31 janvier prochain.

Avec cette initiative, la CGT compte bien replacer les questions sociales au cœur du débat de la campagne des élections présidentielles.
Les objectifs poursuivis sont notamment la reconquête de la retraite à 60 ans à taux plein et la reconnaissance de la pénibilité.
Comme l’a indiqué Bernard Thibault dans un 4 pages que nous avons publié à destination des salariés, c’est socialement juste et économiquement nécessaire. Avant de vous donner quelques éléments relatifs au meeting lui-même, je vous propose d’évoquer, brièvement, quelques points clés.

Le premier point sur lequel je souhaiterai insister, c’est sur le fait que nos propositions en matière de retraite sont en totale résonance avec les attentes des salariés, tous les salariés, qu’ils soient ouvriers, cadres, techniciens, en activité ou déjà retraités, femme ou homme, jeune ou plus âgés.

Les multiples enquêtes d’opinion l’attestent, quand on pose par exemple la question de l’âge souhaité de départ en retraite, pouvoir partir à 60 ans, voire moins, rassemble très largement, toutes catégories confondues. Il en est de même pour le niveau de pension et l’exigence que celui-ci permette un maintien du niveau de vie lors du passage de l’activité à la retraite. Une juste reconnaissance de la pénibilité, avec la possibilité de départs anticipés, fait également consensus dans le monde du travail.
Certains considèrent que la CGT est esseulée sur ses propositions. Nous leur répondons que tel n’est pas le cas puisque nous sommes du côté de la grande majorité des salariés.

Le second point est que ces propositions permettent tout à la fois de répondre aux attentes légitimes des salariés, et de sortir de l’ornière dans laquelle nous ont conduit les politiques mises en œuvre ces dernières années, toutes fondées sur le dogme de la baisse des dépenses publiques et du mal nommé « coût du travail ».

En privilégiant la finance et en maltraitant le travail et les travailleurs en activité ou retraités, gouvernements successifs, patronat et financiers ont pris la lourde responsabilité d’entraîner notre pays dans une crise profonde. Celle-ci se traduit par une augmentation dramatique du chômage et de la précarité, voire de la pauvreté, les plus jeunes et les plus âgés étant les plus touchés. Les plans d’austérité, en France comme dans les autres pays européens, ne font qu’accélérer ce processus infernal. Il ne vous a pas échappé que dans les autres pays européens, les organisations syndicales de salariés ne sont pas restés l’arme au pied. Des mobilisations historiques ont défrayé la chronique dans certains de ces pays, comme en Grande Bretagne. Les syndicats allemands ne sont pas en reste, eux qui se trouvent confrontés à une augmentation de la pauvreté liée à une dégradation salariale sans précédent.

Ainsi, en Allemagne, Mechthild Veil, chercheuse au bureau pour la politique sociale et la recherche sur le genre en Europe de Francfort, nous indique que « … entre 2002 et 2008 (…) le nombre d’emplois à faibles revenus (petits boulots généralement exempts de cotisations, payés au maximum 400 euros par mois) est passé de 4,136 à 7,078 millions … ». Elle ajoute que « Le passage immédiat au statut de retraité en fin d’activité soumise aux cotisations retraite n’est possible que pour 17 % de la population. Plus de 80 % des assurés n’étaient pas en activité soumise aux cotisations avant le début du versement de leur pension… » D’autres que nous le disent, la seule réponse qui vaille en France comme dans toute l’Europe, c’est de relancer la croissance par les salaires, par l’emploi, par la formation, par la réindustrialisation, par le développement des services publics et par une protection sociale de haut niveau.
Troisième point, ces propositions sont réalistes et elles peuvent être financées. Nous l’avons montré à de multiples reprises, l’argent existe pour financer une protection sociale et des retraites de haut niveau.
Cela suppose des choix qui n’agréent pas, nous le savons bien, le patronat, Medef en tête, et ses représentants au pouvoir. Ainsi, ils préfèrent satisfaire les actionnaires par le versement de juteux dividendes plutôt que d’augmenter les salaires, embaucher, accorder à la protection sociale les ressources nécessaires. Rappelons à ce sujet que le montant des dividendes distribués en France est du même ordre que la totalité des dépenses de retraite : 236 Mds d’euros en 2009 pour les dividendes et assimilés selon la Comptabilité nationale. Accordez-nous qu’en soustraire une petite partie pour financer la protection sociale qu’attendent des millions de salariés ne mettra pas les actionnaires sur la paille.
Les chiffrages effectués dans les différentes études abondent dans notre sens. Par exemple, la direction de l’Arrco et de l’Agirc avait calculé, à notre demande, ce qu’apporterait la mise à contribution des revenus financiers des entreprises au même niveau que les cotisations en vigueur dans les deux régimes complémentaires. Et bien cette seule mesure apporterait immédiatement, pour un seul exercice, 10 milliards d’euros dans les caisses de ces régimes.

Toute l’agitation du moment autour de la TVA sociale et de la compétitivité des entreprises ne poursuit qu’un but, préserver et augmenter les dividendes des actionnaires et reporter le financement de la protection sociale sur les ménages.

Le dernier point porte sur notre détermination et notre capacité à faire bouger les lignes. En octobre dernier, nous vous convions à un petit déjeuner de presse pour évoquer avec vous ce que nous appelons les « recalculés de la retraite », ces retraités qui se voyaient privés de pension, auxquels on exigeait parfois des remboursements exorbitants d’indus de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros. A l’époque, nous avons tout entendu, y compris que nous nous faisions les complices des fraudeurs, puisque c’est ainsi qu’étaient désignées, sans aucun discernement, les personnes concernées.

Trois mois après, nous pouvons vous annoncer que nos démarches n’ont pas été vaines. Déjà des retraités ont été rétablis dans leurs droits. Nous avons à deux reprises, rencontrer le Directeur de la Sécurité sociale et des dispositions sont mises en œuvre pour que ce dossier se referme de la manière la plus juste, que les personnes de bonne foi soit enfin délivrées des tracasseries et du harcèlement dont elles ont été victimes. C’est pour nous un véritable succès, certes modeste, mais qui nous conforte dans notre détermination et notre pugnacité.

Vous l’avez compris, notre initiative du 31 janvier ne constitue pas une fin en soi. Il s’agit bien pour nous d’engager une nouvelle campagne de luttes et de mobilisations sur le thème de la retraite pour l’année qui vient de débuter, avec bien entendu le temps fort de la campagne des présidentielles. Mais nous avons aussi pour ambition de peser dans le débat qui devrait s’engager sur la mise en œuvre d’une réforme systémique début 2013, débat prévu par la loi de novembre 2010.

Quelques mots enfin sur l’initiative du 31 janvier elle-même. Il s’agit donc d’un meeting au Zénith de Paris qui rassemblera près de 6000 militants et syndiqués de la CGT. Nous avons considéré qu’il était particulièrement pertinent, en cette période de campagne électorale, d’inviter les responsables des organisations politiques qui ont combattu la réforme de 2010 aux côtés des organisations syndicales, et leurs candidats. Certains nous ont d’ailleurs déjà annoncé leur venue.

Le meeting se déroulera en 3 temps :
 Une première partie, introduite par une vidéo et suivie d’une table ronde, portera sur l’avenir des retraites avec en premier lieu la reconquête de l’ouverture du droit à 60 ans à taux plein.

 La seconde partie portera sur la reconnaissance de la pénibilité. La CGT est très attachée à l’obtention d’avancées significatives qui permettraient à des travailleurs usés de bénéficier de départs anticipés avec des conditions associées leur garantissant l’accès à une retraite complète. La loi de 2010 n’apporte pas la réponse adéquate aux attentes de plusieurs dizaines de milliers de salariés qui ont largement passé la cinquantaine et se retrouvent dans l’impossibilité d’exercer une quelconque activité. Selon les chiffres de la Cnav qui viennent de nous être communiqués, seulement 997 pensions au titre de la pénibilité ont été attribuées entre le 1er juillet et le 31 décembre 2011 par la Cnav. J’en profite pour souligner que l’assimilation carrières longues et pénibilité semble plus que contestable. Toujours selon la Cnav, au moins 50 % de ces nouveaux retraités n’étaient pas éligibles au dispositif carrière longue. Cela ne peut que nous conforter dans notre conviction qu’il faut gagner un véritable dispositif pénibilité.

 La troisième partie consistera en l’intervention du Secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Cette intervention portera naturellement sur les deux questions à l’ordre du jour, mais également sur l’actualité et ce que va être l’activité de la CGT ces prochaines semaines et ces prochains mois.
Comme vous le constatez, nous avons réuni toutes les conditions pour que ce meeting fasse événement. Ainsi il sera retransmis en direct par Internet et d’ores et déjà, des initiatives sont arrêtées, dans les régions, les départements, dans des entreprises ou établissements pour des projections collectives.

Déclaration liminaire d’Eric AUBIN lors du petit déjeuner de presse du 23 janvier